Philippe Vasseur : « J'aime toutes les bières »
Originaire du Nord, l’ancien ministre
de l’Agriculture sous Alain Juppé est aujourd'hui président des Brasseurs de France. Il clame son amour de la bière.
Philippe VASSEUR — Je ne me suis jamais posé la
question. J’aime la bière parce qu’elle me procure un plaisir gustatif sans
cesse renouvelé. La palette des goûts est infinie, ce qui est une de ses
richesses. Mais quand j’aime, je ne cherche pas à expliquer pourquoi. Et plutôt
qu’argumenter pour transmettre mon amour de la bière, je préfère inviter à
partager une dégustation.
De plus en
plus de Français brassent en amateurs. Peut-on parler de phénomène ou
d’effet de mode ?
Ph. V. — Cette tendance s’inscrit
à la fois dans l’engouement des Français pour les bières originales et la mode du
do-it yourself. On trouve d’ailleurs sur internet des kits de brassage pour
faire sa bière soi-même... sans garantie de succès !
Il y a de plus en plus de petites brasseries artisanales partout en France.
Combien produisent plus de 10 000 l/an ?
Ph. V. — On compte en 2014 environ
600 brasseries en France (troisième pays européen en nombre d’établissements).
On considère qu’environ 450 d’entre elles brassent plus de 100 hl (10 000 l).
Ces micro-brasseries se sont beaucoup développées ces dernières années,
mettent‐elles en danger les grandes marques victimes de la nouvelle taxe sur
les brasseries ?
Ph. V. — L’augmentation de 160 %
des droits d’accises* en 2013 sur la bière a été la même pour tous les
brasseurs, grands et petits (le taux réduit des petites brasseries a aussi
augmenté de 160 %). La production des petites brasseries représente à
peine 2 % de la consommation en France qui est de 20 millions d’hl
environ. Ces produits marquent un renouveau de la bière en France et une
alternative notamment au niveau local ou régional.
Malgré cette taxe et la hausse du prix des matières premières agricoles, l’orge
et le malt, on parle de renaissance brassicole en France…
Ph. V. — La bière fait partie du
patrimoine culturel de la France, on l’oublie trop souvent ! Le renouveau
du paysage brassicole date de la fin des années 90, la richesse et la
variété des bières produites en France s’expriment désormais en milliers de
marques (environ 2000), émanant à la fois de grands et petits brasseurs.
La bière de printemps a‐t-elle toujours une justification ?
Ph. V. — La bière de printemps est l’héritière
d’une tradition du Nord-Pas-de-Calais... Elle correspondait à la première bière
de garde de l’année, mûrie dans le froid de l’hiver, prête à déguster au mois
de mars. Bien sûr, les brasseurs restent attachés à cette tradition et chaque
année, ils proposent un brassin spécial de printemps en bouteilles ou à la
pression dans les bars.
Quelle est votre bière préférée ?
Ph. V. — Je les aime toutes, bien sûr !
Sinon je ne pourrais pas être le président des Brasseurs de France, celui de
toutes les bières. Ce qui est formidable, d’ailleurs, c’est la grande diversité
des bières qui permet de varier les plaisirs selon les moments de la journée,
les circonstances, les mets consommés. Je peux avoir, parfois, une petite préférence
pour telle ou telle. Mais permettez‐moi de la garder pour moi. Et surtout de
vous dire que la bière est un merveilleux breuvage qu’il faut savoir apprécier,
c’est‐à-dire déguster avec modération.
Propos recueillis par B. J.
*L’accise est une taxe « contribution indirecte » qui porte sur
une quantité.