Déjeuner très privé
Sur les quais, face à
la cathédrale de Paris, la Bouteille d’Or.
Il y a toujours quelque
chose de magique ou de surréaliste dans un repas privé en ville, dans le salon
d’un restaurant. Surtout quand il est réputé. Quelque chose de fascinant, car
on se retrouve coupé du monde pendant deux à trois heures. Et livré à la toute-puissance
d’un grand chef ou d’un lieu extraordinaire. Malheureusement, vous allez
rapidement baisser la garde… Attention à garder la tête froide si c’est un
repas d’affaires.
Bien évidemment, pour
atteindre cet état, l’écrin se doit d’être raffiné et sobre et les assises très
confortables. L’éclairage assez intimiste sans être trop sombre et l’acoustique
sans résonance et bruits superflus. Et si l’environnement est exceptionnel,
c’est le coup de grâce.
Des salons privés de
restaurants, il y en a pour tous les goûts. Que l’on soit incognito, gastronome,
amateur de cigare, de passage ou œnophile. De toute façon, ces établissements se
plieront aux exigences du moment.
Un choix très
politique
Chez Tante Marguerite, situé derrière l’Assemblée
nationale, de nombreux politiques de tous bords et d’anciens ministres ont leur
habitude chez Tante Marguerite. C’est parce que plusieurs dames des maisons
comtale et ducale de Bourgogne portèrent le prénom de Marguerite que cette « ambassade
de la Bourgogne » à Paris a été baptisée ainsi. L’ambiance conviviale,
mais discrète est propice au secret dans les deux pièces privées : le
petit salon au 1er étage (2 à 8 personnes) et le salon au 2e étage (9 à 19
personnes). C’est un des restaurants du groupe Bernard Loiseau. Aux fourneaux,
Pedro Gomes a gardé quelques recettes du plus grand chef français du siècle
dernier, comme le ragoût d’escargots Tante Marguerite ou le pavé de sandre rôti
au vin rouge. Les deux salons, équipées d’un système d’aération conforme aux
normes exigées sont bien connus des amateurs de Havane.
Pour gastronomes
érudits
Au restaurant Thoumieux, le chef Jean-François Piège,
doublement étoilé au « Guide du pneu », propose un dîner gastronomique
tous les soirs de la semaine dans la plus grande intimité. Laissez-vous guider jusqu’à
la bibliothèque personnelle de Piège. Une petite pièce avec une grande table en
bois clair, 6 à 8 personnes maximum, entourée de la collection contenant
plus d’un millier d’ouvrages culinaires et de guides. Accord mets et vins :
300 € par personne.
Dans le Paris
médiéval
Sur les quais, face à
la cathédrale de Paris qui fête ses 850 ans cette année, la nouvelle Bouteille d’Or souffle elle, sa
première bougie. Ressuscité sous les auspices d’Emmanuel Destouches, cette
vénérable adresse offre plusieurs espaces privatisables au rez-de-chaussée ou à
l’étage. Même si la plupart ont vue sur Notre-Dame, le plus beau de ses salons,
baptisé « la Cathédrale », est magique avec ses fenêtres qui donnent
sur le monument. Et pourquoi ne pas privatiser aussi la terrasse… pour un déjeuner
avec Quasimodo et Esmeralda ? Pas de chèvre à la carte, choisissez plutôt
un mignon de porc aux palourdes. Le plus : on
peut réorganiser la disposition des tables à l’envie.
La tentation de Saint
Antoine
Au Pied de Cochon vient de fêter son 65e
anniversaire. L’établissement fondateur du Groupe Frères Blanc et la première brasserie
parisienne qui ne ferme jamais. Cela depuis 1947, du temps d’Oscar, le petit
cochon qui déambulait entre les tables. De quoi s’encanailler avec une cuisine faite
maison sous la direction du chef Félix Hibrant qui nous rappelle que « dans
le cochon tout est bon ». Trois salons spacieux sont privatisables, plutôt
en grand comité, 30 personnes minimum. Il faut compter 45 € à midi, 50 €
le soir, somme toute, une adresse prestigieuse pour un budget de crise. Le
plus, le parking est gratuit, se renseigner à cause des travaux des Halles.
Une cuisine d’obédience
bourgeoise
Il y avait déjà cette
institution de la rive gauche rendue célèbre grâce au film éponyme de Bénéguy
tourné en 1995, il y a aujourd’hui le Petit
Marguery « Rive droite », un temple de la cuisine bourgeoise de
tradition qui a fait la réputation de Pascal Mousset. À l’étage, en enfilade,
les salons Bourgogne, Auvergne et Morvan accueillent les convives dans un décor
feutré et un service de grande maison avec voiturier. Loin des regards
indiscrets. À partir de 15 personnes, 35 € le menu complet avec une
bouteille de vin pour trois.
En toute discrétion
Voici trois ans qu’Alain
Bras a repris Jamin. L’adresse
mythique où Joel Robuchon a gagné sa troisième étoile. Petit à petit, le
restaurant retrouve ses couleurs. À l’étage, le petit salon séparé du
restaurant ne manque pas d’atouts. Ce boudoir donne sur un jardin et bénéficie
d’une acoustique sans défaut, indispensable pour son installation multimédia.
Surtout, chose exceptionnelle à Paris, il bénéficie d’une entrée et d’un
parking privé. Pour la petite histoire, Mitterrand et sa fille aimaient s’y retrouver
en toute discrétion. Onassis et Jackie Kennedy aussi. Le jeune chef Jean-Christophe
Guiony y concocte un superbe merlan façon Colbert en hommage à Robuchon.
Dans les embruns… et
les volutes
Tout près de la
Madeleine, cet établissement qui date de 1872 reste une valeur sûre pour les
produits de la mer. Quand on entre chez Goumard,
on a l’impression d’embarquer à bord du France. Récemment rénové, le restaurant
a gardé cette forte inspiration Art nouveau où l’on retrouve l’aquarium de
Lalique, une pièce qui fait la fierté de son patron, Philippe Dubois. Deux
luxueux salons discrets, dont un plus intimiste de deux à six personnes, sont
disponibles pour déguster en privé le turbo sauvage ou la fameuse sole meunière
de 600 grammes. Les clients des salons ont à leur disposition le fameux fumoir
où se réunit tous les mois le célèbre club Zino et ses amateurs de volutes. Un
conseil, demandez la petite table de six isolée près de la cuisine pour une criée
du jour, vous serez choyé. Le petit salon se réserve avec 25 € ajouté à la
carte. Pour le grand autour de 200 €/pers. tout compris. Service voiturier.
Un monument historique !
Le Café de la Paix a ouvert 1862 en tant que restaurant du Grand Hôtel
de la Paix. Il a toujours accueilli des personnalités politiques, artistiques
et intellectuelles. Une clientèle érudite parmi laquelle on retrouvait, à
l’époque Zola, Tchaïkovski ou encore Maupassant. Le cadre du Café de la
Paix est magnifique. D’un classicisme baroque, cet incontournable de la capitale
propose aussi une table d’hôte de douze personnes et une grande alcôve privée,
le Carré Opéra. À redécouvrir si l’on aime l’élégance, les décors « grand
siècle » et le silence tout en gardant un œil sur le spectacle de la place
de l’Opéra. Le chef Christophe Raoux,
à la tête d’une brigade de 110 maîtres queux, est un adepte d’une « cuisine
de cuisinier ». La carte change au gré des saisons.
Un Américain à Paris
Au Dodin, Mark Singer aime cuisiner le gibier à plumes ou à poils. En
saison, il omniprésent. En attendant la prochaine carte de ce printemps, le
lièvre à la royale selon Escoffier joue les prolongations.
Arrivé en 1970, Mark
Singer fut longtemps le seul cuisinier américain à Paris. Aujourd’hui, il est
devenu un défenseur acharné d’une cuisine franco-française. D’où ce nom tiré du
roman de Marcel Rouff, « La Vie et la passion de Dodin Bouffant ». On se sent
comme chez soi à l’étage, dans les trois salons au design très contemporain. Il
faut compter 70 € le menu, davantage si c’est celui aux truffes, l’autre
passion du chef.
Le triomphe de l’art de
vivre
Si tous les grands hôtels
de Paris proposent des salons privés, le restaurant du Westminster baptisé Le Céladon en propose trois. Le salon Capucines bâti
sur les caves de l’ancien couvent éponyme, le Vendôme, un petit bijou de style
Empire et le Rivoli, baigné d’une belle lumière naturelle. La carte est signée
par Christophe Moisand. Le chef étoilé propose une audacieuse cuisine du
terroir. Le plus : un forfait séminaire d’une journée pour dix personnes
minimum à 110 €/pers. Accès voiturier par la Rue de la Paix.
Entre œnophiles
Homme de tous les
talents et sacré Meilleur sommelier du monde, Philippe Faure-Brac fait partager
sa passion du vin dans son Bistrot du
Sommelier, bien connu des œnophiles. Pour les autres, l’incroyable carte
aux 1200 références nécessitera les services d’un sommelier maison. Deux salons
décorés de fresques bachiques, le cour Louis Philippe (8/14 personnes) et la cave
Probus 20/24 personnes). Menus dégustation de 65 à 110 €, vin compris. Attention,
c’est le choix des vins qui conditionne le prix du menu.
Les adresses
Chez Tante Marguerite :
5, rue de Bourgogne, Paris 7e. Tél. : 01 45 51 79 42.
Restaurant Thoumieux :
79 rue Saint Dominique, Paris 7e.Tél. : 01 47 05 49 75.
La bouteille d’or : 9
Quai de Montebello, Paris 5e. Tél. : 01 43 54 52 58.
Le Pied de Cochon : 6,
rue Coquillière, Paris 1er. Tél. : 01 40 13 77 00.
Au Petit Marguery —
Rive droite : 64, avenue des Ternes, Paris 17e. Tél. : 01 45 74 16 66.
Chez Jamin : 32, rue de
Longchamp, Paris 16e. Tél. : 01 45 53 00 07.
Chez Goumard : 9, Rue
Duphot, Paris 1er. Tél. : 01 42 60 36 07.
Le Café de la Paix : 12
Boulevard des Capucines, Paris 9e. Tél. : 01 40 07 36 36.
Le Dodin : 42, rue des
Acacias, Paris 17e. Tél. : 01 43 80 28 54.
Le Céladon — Hôtel
Westminster : 15, rue Daunou, Paris 2e. Tél. : 01 47 03 40 42.
Le Bistrot du Sommelier :
97, boulevard Haussmann, Paris 8e. Tél. : 01 42 65 24 85.