vendredi 28 novembre 2014

Gastronomie



Déjeuner très privé


Sur les quais, face à la cathédrale de Paris, la Bouteille d’Or.

Il y a toujours quelque chose de magique ou de surréaliste dans un repas privé en ville, dans le salon d’un restaurant. Surtout quand il est réputé. Quelque chose de fascinant, car on se retrouve coupé du monde pendant deux à trois heures. Et livré à la toute-puissance d’un grand chef ou d’un lieu extraordinaire. Malheureusement, vous allez rapidement baisser la garde… Attention à garder la tête froide si c’est un repas d’affaires.
Bien évidemment, pour atteindre cet état, l’écrin se doit d’être raffiné et sobre et les assises très confortables. L’éclairage assez intimiste sans être trop sombre et l’acoustique sans résonance et bruits superflus. Et si l’environnement est exceptionnel, c’est le coup de grâce.
Des salons privés de restaurants, il y en a pour tous les goûts. Que l’on soit incognito, gastronome, amateur de cigare, de passage ou œnophile. De toute façon, ces établissements se plieront aux exigences du moment.
Un choix très politique 
Chez Tante Marguerite, situé derrière l’Assemblée nationale, de nombreux politiques de tous bords et d’anciens ministres ont leur habitude chez Tante Marguerite. C’est parce que plusieurs dames des maisons comtale et ducale de Bourgogne portèrent le prénom de Marguerite que cette « ambassade de la Bourgogne » à Paris a été baptisée ainsi. L’ambiance conviviale, mais discrète est propice au secret dans les deux pièces privées : le petit salon au 1er étage (2 à 8 personnes) et le salon au 2e étage (9 à 19 personnes). C’est un des restaurants du groupe Bernard Loiseau. Aux fourneaux, Pedro Gomes a gardé quelques recettes du plus grand chef français du siècle dernier, comme le ragoût d’escargots Tante Marguerite ou le pavé de sandre rôti au vin rouge. Les deux salons, équipées d’un système d’aération conforme aux normes exigées sont bien connus des amateurs de Havane.
Pour gastronomes érudits

Au restaurant Thoumieux, le chef Jean-François Piège, doublement étoilé au « Guide du pneu », propose un dîner gastronomique tous les soirs de la semaine dans la plus grande intimité. Laissez-vous guider jusqu’à la bibliothèque personnelle de Piège. Une petite pièce avec une grande table en bois clair, 6 à 8 personnes maximum, entourée de la collection contenant plus d’un millier d’ouvrages culinaires et de guides. Accord mets et vins : 300 € par personne.
Dans le Paris médiéval
Sur les quais, face à la cathédrale de Paris qui fête ses 850 ans cette année, la nouvelle Bouteille d’Or souffle elle, sa première bougie. Ressuscité sous les auspices d’Emmanuel Destouches, cette vénérable adresse offre plusieurs espaces privatisables au rez-de-chaussée ou à l’étage. Même si la plupart ont vue sur Notre-Dame, le plus beau de ses salons, baptisé « la Cathédrale », est magique avec ses fenêtres qui donnent sur le monument. Et pourquoi ne pas privatiser aussi la terrasse… pour un déjeuner avec Quasimodo et Esmeralda ? Pas de chèvre à la carte, choisissez plutôt un mignon de porc aux palourdes. Le plus : on peut réorganiser la disposition des tables à l’envie.
La tentation de Saint Antoine
Au Pied de Cochon vient de fêter son 65e anniversaire. L’établissement fondateur du Groupe Frères Blanc et la première brasserie parisienne qui ne ferme jamais. Cela depuis 1947, du temps d’Oscar, le petit cochon qui déambulait entre les tables. De quoi s’encanailler avec une cuisine faite maison sous la direction du chef Félix Hibrant qui nous rappelle que « dans le cochon tout est bon ». Trois salons spacieux sont privatisables, plutôt en grand comité, 30 personnes minimum. Il faut compter 45 € à midi, 50 € le soir, somme toute, une adresse prestigieuse pour un budget de crise. Le plus, le parking est gratuit, se renseigner à cause des travaux des Halles. 
Une cuisine d’obédience bourgeoise
Il y avait déjà cette institution de la rive gauche rendue célèbre grâce au film éponyme de Bénéguy tourné en 1995, il y a aujourd’hui le Petit Marguery « Rive droite », un temple de la cuisine bourgeoise de tradition qui a fait la réputation de Pascal Mousset. À l’étage, en enfilade, les salons Bourgogne, Auvergne et Morvan accueillent les convives dans un décor feutré et un service de grande maison avec voiturier. Loin des regards indiscrets. À partir de 15 personnes, 35 € le menu complet avec une bouteille de vin pour trois. 
En toute discrétion
Voici trois ans qu’Alain Bras a repris Jamin. L’adresse mythique où Joel Robuchon a gagné sa troisième étoile. Petit à petit, le restaurant retrouve ses couleurs. À l’étage, le petit salon séparé du restaurant ne manque pas d’atouts. Ce boudoir donne sur un jardin et bénéficie d’une acoustique sans défaut, indispensable pour son installation multimédia. Surtout, chose exceptionnelle à Paris, il bénéficie d’une entrée et d’un parking privé. Pour la petite histoire, Mitterrand et sa fille aimaient s’y retrouver en toute discrétion. Onassis et Jackie Kennedy aussi. Le jeune chef Jean-Christophe Guiony y concocte un superbe merlan façon Colbert en hommage à Robuchon. 
Dans les embruns… et les volutes
Tout près de la Madeleine, cet établissement qui date de 1872 reste une valeur sûre pour les produits de la mer. Quand on entre chez Goumard, on a l’impression d’embarquer à bord du France. Récemment rénové, le restaurant a gardé cette forte inspiration Art nouveau où l’on retrouve l’aquarium de Lalique, une pièce qui fait la fierté de son patron, Philippe Dubois. Deux luxueux salons discrets, dont un plus intimiste de deux à six personnes, sont disponibles pour déguster en privé le turbo sauvage ou la fameuse sole meunière de 600 grammes. Les clients des salons ont à leur disposition le fameux fumoir où se réunit tous les mois le célèbre club Zino et ses amateurs de volutes. Un conseil, demandez la petite table de six isolée près de la cuisine pour une criée du jour, vous serez choyé. Le petit salon se réserve avec 25 € ajouté à la carte. Pour le grand autour de 200 €/pers. tout compris. Service voiturier. 
Un monument historique !
Le Café de la Paix a ouvert 1862 en tant que restaurant du Grand Hôtel de la Paix. Il a toujours accueilli des personnalités politiques, artistiques et intellectuelles. Une clientèle érudite parmi laquelle on retrouvait, à l’époque Zola, Tchaïkovski ou encore Maupassant. Le cadre du Café de la Paix est magnifique. D’un classicisme baroque, cet incontournable de la capitale propose aussi une table d’hôte de douze personnes et une grande alcôve privée, le Carré Opéra. À redécouvrir si l’on aime l’élégance, les décors « grand siècle » et le silence tout en gardant un œil sur le spectacle de la place de l’Opéra. Le chef Christophe Raoux, à la tête d’une brigade de 110 maîtres queux, est un adepte d’une « cuisine de cuisinier ». La carte change au gré des saisons.
Un Américain à Paris
Au Dodin, Mark Singer aime cuisiner le gibier à plumes ou à poils. En saison, il omniprésent. En attendant la prochaine carte de ce printemps, le lièvre à la royale selon Escoffier joue les prolongations. 
Arrivé en 1970, Mark Singer fut longtemps le seul cuisinier américain à Paris. Aujourd’hui, il est devenu un défenseur acharné d’une cuisine franco-française. D’où ce nom tiré du roman de Marcel Rouff, « La Vie et la passion de Dodin Bouffant ». On se sent comme chez soi à l’étage, dans les trois salons au design très contemporain. Il faut compter 70 € le menu, davantage si c’est celui aux truffes, l’autre passion du chef.
Le triomphe de l’art de vivre
Si tous les grands hôtels de Paris proposent des salons privés, le restaurant du Westminster baptisé Le Céladon en propose trois. Le salon Capucines bâti sur les caves de l’ancien couvent éponyme, le Vendôme, un petit bijou de style Empire et le Rivoli, baigné d’une belle lumière naturelle. La carte est signée par Christophe Moisand. Le chef étoilé propose une audacieuse cuisine du terroir. Le plus : un forfait séminaire d’une journée pour dix personnes minimum à 110 €/pers. Accès voiturier par la Rue de la Paix.
Entre œnophiles 
Homme de tous les talents et sacré Meilleur sommelier du monde, Philippe Faure-Brac fait partager sa passion du vin dans son Bistrot du Sommelier, bien connu des œnophiles. Pour les autres, l’incroyable carte aux 1200 références nécessitera les services d’un sommelier maison. Deux salons décorés de fresques bachiques, le cour Louis Philippe (8/14 personnes) et la cave Probus 20/24 personnes). Menus dégustation de 65 à 110 €, vin compris. Attention, c’est le choix des vins qui conditionne le prix du menu. 

Les adresses
Chez Tante Marguerite : 5, rue de Bourgogne, Paris 7e. Tél. : 01 45 51 79 42.
Restaurant Thoumieux : 79 rue Saint Dominique, Paris 7e.Tél. : 01 47 05 49 75.
La bouteille d’or : 9 Quai de Montebello, Paris 5e. Tél. : 01 43 54 52 58.
Le Pied de Cochon : 6, rue Coquillière, Paris 1er. Tél. : 01 40 13 77 00.
Au Petit Marguery — Rive droite : 64, avenue des Ternes, Paris 17e. Tél. : 01 45 74 16 66.
Chez Jamin : 32, rue de Longchamp, Paris 16e. Tél. : 01 45 53 00 07.
Chez Goumard : 9, Rue Duphot, Paris 1er. Tél. : 01 42 60 36 07.
Le Café de la Paix : 12 Boulevard des Capucines, Paris 9e. Tél. : 01 40 07 36 36.
Le Dodin : 42, rue des Acacias, Paris 17e. Tél. : 01 43 80 28 54.
Le Céladon — Hôtel Westminster : 15, rue Daunou, Paris 2e. Tél. : 01 47 03 40 42.
Le Bistrot du Sommelier : 97, boulevard Haussmann, Paris 8e. Tél. : 01 42 65 24 85.