06 I 06 I 2005
Le Bourgogne a la vertu dominante des grandes âmes
Les Hospices de Beaune
Rendons grâce à nos valeureux
moines et ducs. Si l’origine de la vigne en Bourgogne remonte à la Gaule
romaine, ce sont les moines cisterciens qui ont planté au XIIe siècle sur les
meilleurs terroirs ou les plus belles parcelles classées Grand Cru aujourd’hui.
Comme le Chambertin, le Clos de Bèze, le Montrachet, déjà réputés et délimités
avant le 14e siècle. Après avoir quitté l´ordre de Cluny, ils se sont tourné
vers la culture de la vigne en s’installant à l’est de Nuits-Saint-Georges. Un
autre personnage, le Duc Philippe le Hardi, ordonna en 1395 l´arrachage du
cépage nommé l´infâme Gamez (Gamay), impropre à donner des grands vins sur les
terroirs calcaires et à ne planter que du pinot noir à la place. Les ducs de
Bourgogne, ont, semble-il, bien géré leurs domaines et favorisé leur culture en
s’attachant des « tâcherons », rémunérés par partage des fruits, forme de
métayage encore pratiqué de nos jours.
Aujourd’hui, le marché français
des vins bourguignons ne représente plus que 40% de la production. La région
souhaite reconquérir la clientèle d’amateurs qu’elle avait fait fuir par un
accueil plus que froid dans les années 1980/1990. A cette époque, tout partait
à l’export... Les principaux clients
étrangers pour les rouge sont les Suisses pour 20%, les Anglais pour 15%, les
Belges associés aux Luxembourgeois pour 15%, les Allemands pour 11% puis les
Américains pour 8%, et les Japonais pour 5%. Les Etats-Unis importent 25% de la
production de bourgognes blancs, suivis de l'Allemagne avec 21%, de
l'Angleterre avec 19%, et du Japon avec 10%.
Plus de souplesse pour les AOC ?
A partir de 1945, le vrai
vigneron redevient le personnage central des domaines. Il personnalise son
produit, cultive ses vignes et achète le raisin à maturité à des viticulteurs
sélectionnés avant de le vinifier. C'est de son savoir-faire et de son nom que
dépendent désormais ses parts de marché en France comme à l'étranger et son
avenir de négociant-éleveur traditionnel. Aujourd’hui le négoce milite pour
plus de souplesse sur les appellations régionales. « Nous souhaitons que soit mis en place la règle des 85-15 sur
le millésime et éventuellement sur le cépage », affirme Louis-Fabrice
Latour, à la tête du syndicat des négociants bourguignons qui va fêter ses 150
ans, « sans rogner sur la qualité et
ceder à la facilité ». Il serait possible d'ajouter 15% d'un autre
millésime et/ou d'un vin issu d'un autre cépage dans une cuvée d'AOC régionale.
sauf pour les Grands Crus, qui resteront sur la base des 100%. Le tout en
restant dans le cadre légal de l'AOC.
« L'amour de la patrie,
vertu dominante des grandes âmes, me saisit toujours à l'aspect d'une bouteille
de vin de Bourgogne. »
Charles de Brosses, érudit et
littérateur.
Un bourgogne pinot noir 2003
pourrait, par exemple être composé de 15% de bourgogne pinot noir 2002.
Proposition fondée sur des règles internationales en matière de vin. Cette
prise de position est exprimée dans le cadre de la réécriture des décrets d'appellations
d'origine initiée par l'Institut national des appellations d'origine (Inao). La
proposition doit être entérinée par les viticulteurs et l'Inao pour entrer en
application. La Bourgogne souhaite aussi marquer les cépages sur ses
étiquettes.
En 1999, le volume global a
représenté 3 000 000 hl. sur quatre appellations en Bourgogne. L’appellation régionale ou générale, c’est à dire tous les vins de la Bourgogne viticole.
L’appellation Village ou Premier Cru concerne les vins produits
par certaines localités et peuvent être vendus sous le nom du village
producteur (Vougeot, Vosne-Romanée…) ou du lieu-dit (la Renarde, Les
Cailles, Montrecul…). La notoriété de l’appellation Grands Crus est telle que certains se présentent uniquement sous le
lieu-dit (Chambertin).
2004 La Bourgogne retrouve les records
Après 2002 et sa récolte
exceptionnelle, 2003 historiquement faible, victime du gel, de la sécheresse et
de la canicule, la Bourgogne retrouve ses plus hauts niveaux de production.
L’année 2004 a été pluvieuse,
fraîche et particulièrement favorable au gonflement des raisins. Le résultat se
traduit dans les chiffres que communique l'Interprofession. Un total de 1,56
millions d'hectolitres a été récolté, avec 516 019 hectolitres en vins rouges
et 1,05 millions d'hectolitres en vins blancs. Un volume au niveau de celui de
l’année 2000. La récolte de VQPRD 2004 (vin de qualité produit dans des régions
délimitées) a été en très forte hausse. Malgré la baisse des stocks, cette
hausse a entraîné les disponibilités des propriétés. Les ventes de bourgogne sont en baisse.
Celles du millésime 2004 sont en baisse de – 13% par rapport au millésime 2003
et de – 11,7% en moyenne sur les cinq dernières années.
« On sent à travers le vin
de Bourgogne tout le pays: la richesse des coteaux, le ciel doré, la gaieté
pensive de ses habitants. Il est clair que quiconque le boit est en quelque
sorte pris dans son reflet, et doit, la durée d'un instant, regarder en
soi. »
Friedrich Sieburg, écrivain
allemand.
La récolte 2004 est en hausse de
8%, par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les blancs gagnent du
terrain sur les rouges. Sur 5 ans, les rouges perdent 1,5% tandis que les
blancs affichent une progression de 13,9%. Cette hausse est surtout liée aux
appellations de niveau régional (c'est à dire l'entrée de gamme) et notamment
au crémant dont le développement commercial incite à une plus forte production.
En hausse également les chablis (+14%).
En 2004, la Bourgogne a produit un tiers de rouges et
deux tiers de blancs. Il y a 20 ans, rouges et blancs se partageaient le
vignoble. La Bourgogne est en train de devenir un grand producteur de vins
blancs.