Bordeaux
La puissance des Lalande-de-Pomerol
12 I 09 I 2005
Le coup d'envoi des vendanges a été donné le 7 septembre
dans la région bordelaise, une récolte précoce du à la sécheresse qui a
provoqué une maturation plus rapide du raisin. Les viticulteurs de
Lalande-de-Pomerol sont en pleine vendange.
La vigne de Lalande-de-Pomerol fut particulièrement
développée au XIIe siècle par les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem,
Chevaliers de Malte. Terre d’accueil, les pèlerins qui se rendaient à
Saint-Jacques de Compostelle aimaient y faire une halte. Les Hospitaliers établirent une Commanderie et cultivèrent la
vigne aussi bien pour l'office divin que pour réconforter les pèlerins et les
Croisés. La croix blanche à huit pointes, l’insigne de ces chevaliers va
d’ailleurs devenir l'emblème des vins de Lalande-de-Pomerol. En ces temps
médiévaux, la vigne n'est qu'une des cultures de subsistance et n'a pas encore
la réputation des vins de Bordeaux. C'est pourtant sous le patronage
déterminant de cette grande congrégation de la chevalerie, autour de son
installation à Lalande-de-Pomerol, que s'est développé et transformé ce
terroir.
L’appellation Lalande-de-Pomerol n’est séparée des grands
crus de Pomerol que par une petite rivière appelée la Barbanne, serpentant
entre le Pomerol et Néac, ancienne frontière historique divisant les sieurs
anglais et français. Tout aussi emblématique, elle divise aujourd'hui les
vignerons de Pomerol de ceux de Lalande.
L’appellation produit sur quelques 1000 hectares des vins
de cépages merlot et cabernet franc (le sauvignon et le malbec sont plus
rares), riches à la fois puissants et souples. La Nationale 89 qui relie
Bordeaux à Périgueux tranche cette terre rougeâtre en deux et sépare les deux
villes de Lalande et de Néac qui donne son nom à ce petit terroir d'environ 200
ha où les vins ont droit à l'appellation Lalande-de-Pomerol. Des deux communes,
Néac est celle qui donne en général les meilleurs vins, colorés, généreux et
bouquetés, dotés à la fois de la sève des Pomerol et de la richesse des
Saint-Émilion. Son sol est argilo-graveleux en pente très légère. Lalande a des
sols sablo-graveleux ou sableux, donnant des vins moins profonds mais plus
fins.
Quel terroir, quels vins et quels prix…
Le
Lalande-de-Pomerol est généreux, nerveux et ferme, avec une légère rusticité
donnée par l’argile de son sol. Plus abordable que le Pomerol, il n'est guère
meilleur en rapport qualité/prix. Avec son climat ensoleillé, chaud et humide,
cette AOC a tout pour elle. Ses domaines et ses châteaux sont, chacun à leurs
manières, le reflet d’une tradition où la transmission et l’héritage de ce
savoir-faire sont tenaces.
Parmi eux, quatre châteaux de Lalande, Château Siaurac,
Château Tournefeuille, Château Garraud et Château Grand Ormeau représentent
cette tradition.
Le Château Siaurac est la plus grande exploitation de
l’appellation. Cette propriété familiale est gérée par Paul Goldschmidt depuis
2004 dans le soucis d’une qualité constante : « Nous voulons des vins qui expriment l’originalité de leur
terroir, nous privilégions une agriculture raisonnée, sans aucun artifice, pour
respecter ce goût authentique. » Une rigueur et une mise en valeur de
la terre qui donne à ce vin un moelleux aux tanins suaves très spécifiques.
Illuminé l'après-midi des rayons chauds du sud puis au
soir venu, des lueurs du couchant, le Château Tournefeuille est le plus proche
de Pomerol. De ce haut de côte dont la pente est très accusée, il domine la
vallée de la Barbanne et regarde le plateau de Pétrus et la région de
Saint-Émilion. Tournefeuille a été repris en main en 1998 par Emeric Petit,
dont la famille est propriétaire : « Nous
somme convaincu qu’un vin réussi tient
pour une grande part à la vendange d’un raisin sain et porté à parfaite
maturité », confie t-il. Les premières dégustations du millésime 2004
sont prometteuses. Château Tournefeuille est d’une fraîcheur et d’une finesse
qui s’achèvent sur une belle longueur au final. La maturité sera au
rendez-vous.
Toujours proche de Néac, Château Garraud appartient à
Jean-Marc Nony. Ici, la qualité est toujours au rendez-vous, millésime après
millésime. Un vin tendre et rond avec beaucoup de corps. Le millésime 2002,
dont les arômes de fruit frais ne demandent qu’à s’épanouir en bouteille,
devrait s’affiner suffisamment pour atteindre son apogée entre 2008 et 2010.
Château Grand Ormeau, plus à l’ouest vers Lalande, est la
propriété de Jean-Claude Beton, le fondateur d’Orangina. Ce vin, suivi par
Michel Rolland, a une robe d’une couleur intense et des tanins fermes mais
soyeux. Il se révèle de longue garde, gagnant en finesse.
Pour les plus impatients, deux seconds vins, Plaisir de
Siaurac et Château Rosalcy (Tournefeuille) sont plus sur le fruit et moins
complexes. Des vins de plaisir à consommer dans les 2 à 3 ans.
Château Siaurac, tél. : 05.57.51.64.58.
Château Tournefeuille 2002 : par 12 bts, 16,20.
Tél. : 05.57.51.18.61.
Château Garraud 2002 : 12,25 euros au domaine.
Tél. : 05.57.55.58.58.
Château Grand Ormeau 1999 : 19,40 euros. Tél. :
05.57.25.30.20.