jeudi 20 novembre 2014

Bordeaux - Lalande-de-Pomerol



Bordeaux

La puissance des Lalande-de-Pomerol

12 I 09 I 2005



Le coup d'envoi des vendanges a été donné le 7 septembre dans la région bordelaise, une récolte précoce du à la sécheresse qui a provoqué une maturation plus rapide du raisin. Les viticulteurs de Lalande-de-Pomerol sont en pleine vendange.
La vigne de Lalande-de-Pomerol fut particulièrement développée au XIIe siècle par les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, Chevaliers de Malte. Terre d’accueil, les pèlerins qui se rendaient à Saint-Jacques de Compostelle aimaient y faire une halte. Les Hospitaliers  établirent une Commanderie et cultivèrent la vigne aussi bien pour l'office divin que pour réconforter les pèlerins et les Croisés. La croix blanche à huit pointes, l’insigne de ces chevaliers va d’ailleurs devenir l'emblème des vins de Lalande-de-Pomerol. En ces temps médiévaux, la vigne n'est qu'une des cultures de subsistance et n'a pas encore la réputation des vins de Bordeaux. C'est pourtant sous le patronage déterminant de cette grande congrégation de la chevalerie, autour de son installation à Lalande-de-Pomerol, que s'est développé et transformé ce terroir.
L’appellation Lalande-de-Pomerol n’est séparée des grands crus de Pomerol que par une petite rivière appelée la Barbanne, serpentant entre le Pomerol et Néac, ancienne frontière historique divisant les sieurs anglais et français. Tout aussi emblématique, elle divise aujourd'hui les vignerons de Pomerol de ceux de Lalande.
L’appellation produit sur quelques 1000 hectares des vins de cépages merlot et cabernet franc (le sauvignon et le malbec sont plus rares), riches à la fois puissants et souples. La Nationale 89 qui relie Bordeaux à Périgueux tranche cette terre rougeâtre en deux et sépare les deux villes de Lalande et de Néac qui donne son nom à ce petit terroir d'environ 200 ha où les vins ont droit à l'appellation Lalande-de-Pomerol. Des deux communes, Néac est celle qui donne en général les meilleurs vins, colorés, généreux et bouquetés, dotés à la fois de la sève des Pomerol et de la richesse des Saint-Émilion. Son sol est argilo-graveleux en pente très légère. Lalande a des sols sablo-graveleux ou sableux, donnant des vins moins profonds mais plus fins. 

Quel terroir, quels vins et quels prix…
 Le Lalande-de-Pomerol est généreux, nerveux et ferme, avec une légère rusticité donnée par l’argile de son sol. Plus abordable que le Pomerol, il n'est guère meilleur en rapport qualité/prix. Avec son climat ensoleillé, chaud et humide, cette AOC a tout pour elle. Ses domaines et ses châteaux sont, chacun à leurs manières, le reflet d’une tradition où la transmission et l’héritage de ce savoir-faire sont tenaces.


Parmi eux, quatre châteaux de Lalande, Château Siaurac, Château Tournefeuille, Château Garraud et Château Grand Ormeau représentent cette tradition.
Le Château Siaurac est la plus grande exploitation de l’appellation. Cette propriété familiale est gérée par Paul Goldschmidt depuis 2004 dans le soucis d’une qualité constante : « Nous voulons des vins qui expriment l’originalité de leur terroir, nous privilégions une agriculture raisonnée, sans aucun artifice, pour respecter ce goût authentique. » Une rigueur et une mise en valeur de la terre qui donne à ce vin un moelleux aux tanins suaves très spécifiques.
Illuminé l'après-midi des rayons chauds du sud puis au soir venu, des lueurs du couchant, le Château Tournefeuille est le plus proche de Pomerol. De ce haut de côte dont la pente est très accusée, il domine la vallée de la Barbanne et regarde le plateau de Pétrus et la région de Saint-Émilion. Tournefeuille a été repris en main en 1998 par Emeric Petit, dont la famille est propriétaire : « Nous somme convaincu  qu’un vin réussi tient pour une grande part à la vendange d’un raisin sain et porté à parfaite maturité », confie t-il. Les premières dégustations du millésime 2004 sont prometteuses. Château Tournefeuille est d’une fraîcheur et d’une finesse qui s’achèvent sur une belle longueur au final. La maturité sera au rendez-vous.
Toujours proche de Néac, Château Garraud appartient à Jean-Marc Nony. Ici, la qualité est toujours au rendez-vous, millésime après millésime. Un vin tendre et rond avec beaucoup de corps. Le millésime 2002, dont les arômes de fruit frais ne demandent qu’à s’épanouir en bouteille, devrait s’affiner suffisamment pour atteindre son apogée entre 2008 et 2010.
Château Grand Ormeau, plus à l’ouest vers Lalande, est la propriété de Jean-Claude Beton, le fondateur d’Orangina. Ce vin, suivi par Michel Rolland, a une robe d’une couleur intense et des tanins fermes mais soyeux. Il se révèle de longue garde, gagnant en finesse.
Pour les plus impatients, deux seconds vins, Plaisir de Siaurac et Château Rosalcy (Tournefeuille) sont plus sur le fruit et moins complexes. Des vins de plaisir à consommer dans les 2 à 3 ans.



Château Siaurac, tél. : 05.57.51.64.58.
Château Tournefeuille 2002 : par 12 bts, 16,20. Tél. : 05.57.51.18.61.
Château Garraud 2002 : 12,25 euros au domaine. Tél. : 05.57.55.58.58.
Château Grand Ormeau 1999 : 19,40 euros. Tél. : 05.57.25.30.20.